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Confucius et le confucianisme

 

Le temple de Confucius (Pékin)

 

Confucianisme (Rújiā 儒家, littéralement « école des lettrés ») : le confucianisme désigne d’une part une école de pensée héritant de la pensée de Confucius et de ses disciples et d’autre part une doctrine d’Etat pour le recrutement des fonctionnaires à partir de la période des Han antérieurs (début : sous l’empereur Han Wudi 156/87 av. J.-C.).

 

A propos de Confucius, kong zi, 孔子 (551-479 av. J.-C. ) :

Comme Socrate, il n'a rien écrit et nous n'avons de lui que les Entretiens (Lunyu : 論語) qui sont un recueil de propos et d'aphorismes du maître avec ses élèves. Nous savons également qu'il enseigna la plus grande partie de sa vie et tenta en vain de trouver un prince désireux de mettre en place ses conceptions éthiques et politiques. C'est qu'à l'image de Platon qui fut confronté à la crise de la cité grecque, Confucius vécut lui aussi une période d'instabilité politique (voir le tableau chronologique). En ce sens, il s'agissait pour lui de penser le chemin éthique et politique d'une harmonie retrouvée.

A soixante ans, Confucius revient dans son pays natal, sans avoir trouvé un souverain acceptant de mettre en œuvre ses conseils. Il passe la fin de sa vie à enseigner à ses disciples.   

La structure des Entretiens (Lunyu : 論語) :

Les Entretiens sont assez déroutants au premier abord. Les remarques de Confucius à ses disciples n’obéissent à aucune systématicité, sont toujours circonstanciées et donnent rarement lieu à un énoncé figé. Il y a également beaucoup d’allusions, de suggestions et de nombreuses pensées ne peuvent être interprétées indépendamment du contexte dans lequel elles sont énoncées. Si cette structure décousue a pu surprendre les lecteurs occidentaux, et parfois les décevoir, elle n’est pas l’aveu d’un échec, mais témoigne à la fois du souci d’un enseignement vivant et de la conviction selon laquelle l’apprentissage authentique ne peut se réduire à une transmission livresque et strictement théorique. Cette conviction se comprendra mieux une fois les grandes lignes de la pensée de Confucius rapidement présentées.

Les grandes lignes de l’enseignement de Confucius :

  • D’après Confucius, les hommes doivent apprendre à être pleinement humains en devenant des hommes de qualité (junzi 君子). L'homme de qualité (« Junzi », qui veut dire littéralement « fils de seigneur ») désigne initialement en chinois la qualité de l'homme noble. Mais pour Confucius, cette noblesse n'est plus liée au rang ou au sang ; elle dépend de la façon dont l'être humain s'accomplit. Tout le monde peut devenir un homme de qualité ou au contraire se dégrader et devenir un homme de peu. Il s’agit donc de devenir pleinement homme 

Or, pour Confucius, apprendre à être homme de qualité (Junzi) consiste à tourner son être vers certaines vertus :

  • Tout d'abord le ren  , qui peut se traduire par « sens de l'humain », « bienveillance », humanité » et qui est la valeur que Confucius place pratiquement au-dessus de tout. Le ren c'est le fait d'entretenir un rapport moral avec autrui et de ne jamais oublier que le moi ne peut se considérer comme une entité séparée des autres. Mais ce sens de l'humain reste un idéal vers lequel tendre et non une qualité figée atteignable une fois pour toutes.

NB:  ren s’écrit avec le radical homme et le signe deux . La composition du caractère est révélatrice : l’homme ne devient humain que dans sa relation à autrui.

  • Mais cette vertu du ren ne se comprend pas sans son lien à d'autres vertus. Ainsi cultiver le ren c'est notamment être guidé en permanence par la mansuétude (shu ), à savoir le fait de ne pas faire à autrui ce que ne l'on ne souhaite pas pour nous. La mansuétude doit donc me permettre de parvenir à un « juste milieu » à l'égard des autres en exigeant d'abord de moi-même.

  • On ne comprendrait pas non plus l'héritage de la pensée de Confucius, si nous n'insistions pas sur une autre vertu cardinale à ses yeux, à savoir l'esprit rituel (li ) : en effet, le sens de l'humain se développant dans le rapport harmonieux et éthique à autrui, il ne va pas sans l'esprit rituel, le rite étant ici à comprendre non pas comme un simple protocole formel et vide de sens (une politesse de façade), mais plutôt comme un ajustement sincère à l'égard d'autrui, ajustement au nom duquel on doit savoir mettre de côté tout ego. Il s'agit de lutter contre la tendance à l'égocentrisme pour intérioriser par les rites notre sens de l'humanité. Le rite est en effet ce qui caractérise un groupe d'humains en les unissant par un lien symbolique. Il n'est donc pas question d'y adhérer de façon strictement formelle, mais de donner pleinement sens à l'actualisation du rite pour être pleinement humain.

  • Cette importance du rite ne va pas à son tour sans le sens du juste (yi ) face à toute situation. Sans le sens du juste (yi), le rite (li) est inapproprié et vide de signification (il devient protocole formel, froid et décalé par rapport au manque d'équité). Et sans le rite, le sens du juste ne peut s'actualiser, se matérialiser concrètement dans des formes spécifiques.

 

De l'éthique au politique : le rôle du gouvernant 

  • Cette éthique confucéenne a des échos politiques puisque le gouvernant doit être l'incarnation du ren. Pour cette raison, il doit privilégier vertu et harmonie rituelle, deux qualités qui vont moralement obliger le peuple sans le contraindre par l'usage de la force légale. Le gouvernant doit donc donner l'exemple par sa propre recherche de l'harmonie rituelle et par son propre sens de la justesse et de la justice. Pour cela, il doit chercher à rendre à chaque chose et personne sa juste place, ce que Confucius appelle la « rectification des noms ».

 

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